lundi 26 août 2019

ANDRH ET DROIT A LA DECONNEXION : ERREUR 404

Le vice-président national délégué de l’ANDRH, « ne croit pas que les salariés français soient friands d’accords qui limitent leur droit à la connexion » (Entreprise et Carrières du 9 juin 2019). Pour lui « si un manager demande une réponse impérative pendant le week-end, il se met en tort. Un salarié n’est pas professionnellement obligé de répondre et ne peut être sanctionné sur cette seule base. Le droit à la déconnexion permet de créer les conditions d’un rappel à l’ordre pour les managers qui envoient des mails en dehors des heures de travail ». Pour rappel, 47% des salariés et 68% des managers travaillent le soir et le week-end. 35% des actifs français estiment ne pas pouvoir se déconnecter pendant leurs congés. 58% des salariés français font des heures supplémentaires non rémunérées pour une moyenne de 5 H par semaine, sans contrepartie financière ou en repos. Il est singulier que « l’acteur de référence dans le débat RH » - en occultant le droit fondamental des salariés à ne pas travailler quand ils ne travaillent pas… - ne prenne pas la mesure du problème posé par le travail en débordement (en dehors des heures de travail) et ne soutienne pas davantage les salariés dans le simple rappel à la loi qu’est le droit à la déconnexion. Un cadre ne refusera jamais de répondre à une demande de son manager en dehors des heures de travail, celui-ci n’a rien à « exiger », il sait qu’il l’obtiendra ! Le code de l’honneur des cadres (Philippe d’Iribarne, 1989) ordonne la réponse systématique à leurs managers et le digital a rendu possible cette disponibilité où qu’ils soient dans le monde, 24 H sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an ! Alors qui va rappeler à l’ordre le manager qui envoie ses courriels en dehors des heures de travail ? L’ANDRH ne peut ignorer que la réglementation applicable depuis 2017 n’est pas contraignante. De rares entreprises surveillent les connexions de leurs managers et prévoient des formations pour les émetteurs massifs de courriels en dehors des heures de travail (Michelin par exemple). Et quelques accords prévoient la création d’un droit d’alerte des salariés (La Poste par exemple), lequel reste théorique dans son application tant signaler les pratiques de son manager aux RH et/ou à sa hiérarchie est un exercice périlleux ! L’ANDRH qui se revendique comme « stimulant la réflexion, l’échange de bonnes pratiques et l’innovation » n’a pas non plus pris la mesure des attentes exprimées par les plus jeunes générations au travail, lesquelles entendent séparer nettement leurs deux domaines de vie professionnel et personnel (ETUDE Elodie Gentina, 2018 DUNOD). La mise en œuvre du droit à la déconnexion est un excellent moyen de fidéliser ses collaborateurs et un véritable argument de marketing RH pour les plus jeunes d’entre eux. Il est plus que temps de dépasser le cadre légal et de faire du droit à la déconnexion un vecteur de prévention des RPS mais aussi d’efficacité et d’attractivité des organisations. Une régulation est indispensable. Celle-ci ne peut être que collective et organisationnelle au plus près des métiers, cultures et personnels des organisations. L’ANDRH doit d’urgence remettre à jour ses logiciels !

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